Gabon : à Akiéni, une séance de prière tourne au drame — une jeune mère de 21 ans décède en pleine intercession

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La localité d’Akiéni, dans le département de Lekoni-Lekori, a été frappée mardi soir par un drame qui relance le débat sur l’encadrement des églises de réveil et l’accès aux soins. Alicia Elisse Mbori Mbandi, 21 ans, mère d’un enfant de deux ans, est décédée lors d’une séance de prière à l’église « Générations des vainqueurs », après avoir été retirée quelques heures plus tôt du centre de santé local par ses proches.

Un choix familial aux conséquences tragiques. Selon les informations recueillies par L’Union, la jeune femme avait été admise dans la journée au centre de santé en raison de la détérioration de son état. Mais, estimant que son évolution ne progressait pas suffisamment, ses proches ont décidé de la confier à une séance d’intercession spirituelle, espérant une amélioration par la prière.

C’est dans ce contexte que l’état d’Alicia se serait soudainement aggravé avant de virer au drame. Son décès soulève de nombreuses interrogations sur la prise de décision de la famille, les pratiques religieuses en milieu non médicalisé et les lacunes persistantes dans la prise en charge sanitaire des populations éloignées.

Une enquête judiciaire ouverte. Informé des faits, le procureur de Franceville a ordonné l’ouverture d’une enquête confiée à la brigade de gendarmerie d’Akiéni. Les responsables de l’église ainsi que les membres de la famille sont auditionnés pour déterminer les responsabilités éventuelles, notamment si des pratiques non conformes ou dangereuses ont été menées au sein du lieu de culte.

La dépouille de la jeune femme a été transférée en maison de pompes funèbres en attendant les conclusions de l’enquête. Un drame qui interroge au niveau national

Ce décès ravive le débat sur la prolifération des églises de réveil au Gabon et l’urgence d’un cadre juridique plus strict pour prévenir les dérives. Il met également en lumière la méfiance persistante envers les structures de santé publiques et les difficultés d’accès aux soins, qui poussent certaines familles vers des alternatives spirituelles parfois risquées.

Alicia Mbori Mbandi laisse derrière elle un enfant désormais orphelin. Au-delà de la peine, son histoire renvoie à une problématique nationale : comment mieux protéger les populations vulnérables, renforcer la sensibilisation sanitaire et éviter que la foi, dans des situations extrêmes, ne se substitue fatalement à la médecine.à

Face aux exigences de paiement préalable dans de nombreux centres hospitaliers, où un patient ne peut être pris en charge sans solder les frais médicaux, les populations se tournent désormais vers les églises. Pour beaucoup, ces lieux de culte représentent la seule alternative accessible, où l’espoir de guérison demeure possible sans débourser le moindre franc.

Neoline Joyce

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