publié, par la Rédaction 22 h 53 | Temps de lecture 1 min
Libreville, 11 novembre 2025 — Le deuxième jour du procès de la « Young Team », au palais de justice de Libreville, a été marqué par un témoignage explosif. Kim Oun, ancien proche collaborateur de l’ex-Première dame Sylvia Bongo Ondimba, a révélé que près de 2 milliards FCFA étaient alloués chaque année pour satisfaire les caprices personnels de l’épouse de l’ancien président Ali Bongo Ondimba.
Des révélations accablantes à la barre. Bijoux, vêtements de luxe, tableaux d’art… Selon Kim Oun, ces dépenses somptuaires étaient gérées à travers trois sociétés écrans, enregistrées au nom de Sylvia Bongo et de son fils Noureddine Bongo Valentin. Ces entités, selon lui, servaient de véhicules financiers opaques pour masquer des transactions aux origines douteuses.
« Je n’ai fait qu’exécuter les instructions », a-t-il déclaré, précisant avoir supervisé la gestion administrative de ces structures, qui n’auraient existé que pour dissimuler des flux financiers importants.
Crédit photo Gabon 24 D.R
Le procureur a insisté sur la traçabilité des fonds, soulignant que ces révélations permettent d’éclairer un vaste réseau de blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite présumé. Un tournant historique pour la justice gabonaise Ce procès, tenu par contumace contre Sylvia Bongo Ondimba Valentin et son fils Noureddine, est considéré comme un symbole fort du renouveau judiciaire gabonais depuis le coup d’État d’août 2023.
Dans la salle d’audience pleine à craquer, les réactions ont été vives.
« Quand j’ai entendu toutes ces sommes détournées pour leurs plaisirs personnels, j’ai compris qu’ils n’ont jamais aimé le peuple gabonais », a réagi Timothée, un citoyen venu assister à ce qu’il qualifie de procès historique.
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Des montants vertigineux évoqués par la partie civileLors des plaidoyers, les avocats de la partie civile ont rappelé plusieurs faits graves, survenus entre 2016 et 2021 :
20 milliards FCFA prélevés des comptes publics pour entretenir les résidences de Sylvia Bongo ;
1 035 milliards FCFA détenus par Noureddine Bongo sur un compte aux îles Caïmans ;
45 entreprises sous sa propriété ;
Un salaire mensuel de 2,7 millions FCFA et un bonus annuel de 100 millions lorsqu’il était Coordonnateur général des affaires présidentielles (CGAP) ;
Une SCI familiale comptant 33 titres fonciers, et 25 sociétés civiles immobilières pour Sylvia Bongo.
Des transactions suspectes à grande échelle
Les enquêtes ont révélé une série de mouvements financiers massifs :
6 et 4 milliards FCFA sur deux comptes à la BGFIBank ;
47 milliards FCFA à l’Union gabonaise de banque (UGB) ;
386 milliards FCFA transférés à l’étranger, plus 8 milliards supplémentaires ;
263 milliards FCFA pour un logement à Paris, présenté comme annexe de l’ambassade du Gabon.
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Les deux prévenus seraient par ailleurs associés dans plusieurs sociétés telles que Ruban Vert, For Afrique Energy, Be and Are Entreprise, détenant également deux puits de pétrole, 30 % de Sobeleco (eau minérale Andza) et 13 participations dans le BTP et la restauration. Prochain acte du procès.
Considéré comme le maillon clé du système présumé, Kim Oun sera de nouveau entendu demain à la barre, cette fois en tant qu’accusé. Il devra répondre de complicité de détournement de fonds publics et de faux en écriture administrative. Ce procès, très suivi par la presse nationale et internationale, s’impose déjà comme un jalon majeur dans la lutte contre l’impunité et la corruption au Gabon.
Source : Palais de justice de Libreville, audience du 11 novembre 2025