Longtemps annoncé en déclin, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) vient de démontrer qu’il reste l’une des forces politiques les plus structurées du pays. À l’issue du second tour des élections législatives et locales de 2025, cette formation historique s’impose comme la deuxième puissance politique nationale, derrière l’Union pour la Démocratie et le Bien-être (UDB), dans un scrutin salué pour sa transparence et son caractère démocratique.

Une résilience politique inattendue
Annoncé affaibli depuis la transition politique de 2023, le PDG a surpris observateurs et adversaires par sa capacité de mobilisation et son sens stratégique. En dépit d’une campagne marquée par la défiance et les attaques répétées de certaines figures de l’opposition, le parti fondé par le défunt Président Omar Bongo Ondimba a réussi à inverser la tendance dans plusieurs circonscriptions clés, s’imposant parfois dans les dernières heures du scrutin.
Ce sursaut électoral s’explique, selon plusieurs analystes, par la force de l’expérience et du maillage territorial du parti. Présent dans toutes les provinces, disposant de cadres aguerris et d’une base militante solide, le PDG a su capitaliser sur son ancrage historique et sur le désenchantement d’une partie de l’électorat vis-à-vis des nouveaux partis dits de « rupture ».
Une opposition divisée et sans vision claire
Face à lui, une opposition qualifiée par certains d’« alimentaire » n’a pas su incarner une alternative crédible. Nombre de ses acteurs, issus de scissions ou d’ambitions personnelles, se sont révélés incapables de présenter un projet politique cohérent ou une vision nationale partagée.
Les promesses populistes et les discours de circonstance n’auront pas suffi à convaincre les électeurs. Pis encore, la prolifération de micro-partis – souvent créés dans l’espoir de capter des subsides ou des nominations – a fragilisé le camp de l’opposition et favorisé le retour en grâce du PDG.
Les Gabonais, dans leur majorité, ont ainsi tranché : le pays compte encore sur le PDG, non pas comme simple vestige du passé, mais comme acteur d’équilibre et de stabilité dans la nouvelle ère politique ouverte par la transition.
L’effet Oligui Nguema et le verdict des urnes
Le président de la République, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a, pour sa part, tenu à garantir un processus électoral libre et transparent, laissant les citoyens juger par eux-mêmes la pertinence des formations en lice.
Ce choix démocratique a permis de remettre le PDG face à sa véritable épreuve : celle des urnes. Et contre toute attente, le parti en sort renforcé et légitimé.
Cette victoire relative ne signifie pas pour autant un retour triomphal au pouvoir central, mais elle témoigne d’une capacité de résilience politique que beaucoup pensaient disparue.
Le PDG a su prouver qu’il pouvait encore séduire, rassembler et convaincre, malgré le poids des critiques et la concurrence de nouveaux acteurs.
Un avenir à redéfinir
Toutefois, le succès du PDG ne doit pas masquer les défis internes auxquels le parti devra faire face.
Les Gabonais attendent désormais une refondation idéologique et un discours modernisé, en phase avec les réalités actuelles du pays : emploi des jeunes, gouvernance locale, lutte contre la corruption, justice sociale et redynamisation économique.
S’il se contente de rester dans le sillage du Président Oligui Nguema sans affirmer sa propre identité politique, le PDG risque à terme de s’effacer progressivement du paysage politique.
L’heure est donc à l’introspection : il s’agit pour le parti de redéfinir son rôle, son message et son rapport à la société gabonaise.

Un acteur toujours incontournable
En définitive, les élections législatives et locales de 2025 auront servi de révélateur.
Malgré les tempêtes et les critiques, le PDG demeure une formation politique incontournable, capable de se réinventer et de peser sur les grands équilibres du pays.
Face à une opposition éparse et à une population exigeante, le parti de feu Omar Bongo Ondimba reste, pour beaucoup, un repère politique et institutionnel, un symbole de stabilité au cœur des mutations que traverse le Gabon.
Le message des urnes est clair : le PDG n’est pas mort.
Mais pour continuer à compter, il lui faudra désormais écouter le peuple, se réformer en profondeur et se réconcilier avec les valeurs de proximité et de service qui ont jadis fait sa force.



