Libreville, le 11 Décembre 2025 ( Chifre.info). Lors d’une conférence de presse tenue le mardi 9 décembre 2025 à Libreville, l’ancien Premier ministre et président d’Ensemble pour le Gabon (EPG), Alain-Claude Bilie-By-Nze, s’est vivement exprimé sur les intérims ministériels actuellement en cours au sein de l’exécutif. Il a également critiqué les contradictions de la Constitution de 2024 et appelé à sa réécriture.
Intérims ministériels : « Ils ne sont prévus par aucun texte »
Revenant sur les récentes démissions de membres du gouvernement élus députés, conformément à l’article 73 de la Constitution qui interdit le cumul entre fonctions gouvernementales et mandat parlementaire, l’ancien Premier ministre a dénoncé une gestion institutionnelle qu’il juge incohérente. Selon lui, les intérims mis en place pour remplacer les ministres démissionnaires « ne reposent sur aucun fondement juridique ».

« La Constitution n’en parle pas. Ministre par intérim, ça n’existe pas », a-t-il affirmé.
Il a illustré cette situation par le cas du ministre des Affaires étrangères devenu président de l’Assemblée nationale, dénonçant des pratiques qui, selon lui, traduisent un manque de cohérence dans le dispositif constitutionnel.
Une Constitution aux « contradictions internes »
Pour Bilie-By-Nze, la Constitution révisée en 2024 comporte des incongruités majeures. Il cite notamment la coexistence de l’article 70 qui autorise la nomination de ministres parmi les parlementaires, et l’article 73 qui interdit l’exercice simultané de ces fonctions.
« Cette Constitution, lorsqu’ils ont décidé de la mettre en place, ils avaient l’esprit dans la gouvernance d’Omar Bongo et la lettre dans quelque chose de nouveau », a-t-il lancé.

L’ancien chef du gouvernement qualifie même le texte fondamental de « monstre », en raison de ses conflits internes qui, selon lui, empêchent la bonne marche de l’exécutif.
« Est-ce que ce pays est gouverné ? »
Abordant les conséquences de cette confusion, Bilie-By-Nze évoque un exécutif paralysé. Il met en cause la persistance des « privilèges » et des cabinets des ministres démissionnaires, malgré leur départ acté.
« Ils ont officiellement démissionné, mais ils ont aides de camp, chauffeurs, voitures… Les cabinets font de la résistance. Est-ce que ce pays est gouverné ? », s’est-il interrogé.Selon lui, cette situation alimente un climat d’improvisation administrative et un manque de direction claire pour le pays.
Réécrire la Constitution : une nécessité urgente, selon lui
Critiquant les promoteurs du « oui » au référendum de 2024, il rappelle que leurs arguments reposaient sur l’idée d’« ajuster après adoption ».
« On nous a dit : votons d’abord, on verra après. » Pour Bilie-By-Nze, cette démarche a engendré un régime « hybride », ni présidentiel ni semi-présidentiel, et source de blocages institutionnels.
« Cette Constitution est un monstre. Il faut avoir le courage de la réécrir
Libreville : Bilie-By-Nze dénonce les « intérims ministériels illégaux » et qualifie la nouvelle Constitution de « monstree. »
L’ancien Premier ministre appelle ainsi à une refonte profonde du texte pour clarifier la séparation des pouvoirs et assurer une gouvernance fonctionnelle.
Un climat général d’« improvisation » dénoncé
Au-delà des questions constitutionnelles, il estime que le pays manque de vision et de cohérence, soulignant notamment des promesses non tenues envers la diaspora et une gestion gouvernementale qu’il juge hésitante.



