La Rédaction – 20 Octobre 2025e
L’annonce, le 14 octobre dernier, par le ministre de l’Économie et des Finances, Henri-Claude Oyima, d’une vaste opération de recouvrement fiscal portant sur 803 milliards de FCFA d’impôts impayés, se voulait un signal fort en faveur de la discipline et du redressement budgétaire. Mais derrière cette offensive de l’État gabonais se cache une contradiction que dénonce un économiste anonyme dans une tribune sans concession : comment exiger des entreprises ce que l’État lui-même ne paie pas ?
Selon les chiffres officiels, la dette intérieure du Gabon atteignait 2 773 milliards de FCFA fin 2024, soit plus de trois fois le montant que le Trésor public espère récupérer auprès des entreprises. Ces dernières, asphyxiées par des arriérés de paiement — marchés publics, remboursements de TVA ou prestations impayées — peinent déjà à assurer leur fonctionnement courant. Résultat : l’État réclame de l’argent à des acteurs économiques qu’il contribue lui-même à fragiliser.
Cette symétrie des dettes révèle une faille de gouvernance majeure. En cherchant à maximiser ses recettes à court terme, le gouvernement risque d’affaiblir la base fiscale sur le long terme, estime l’économiste. La méfiance s’installe : l’entreprise voit en l’État un mauvais payeur, tandis que l’État considère l’entreprise comme un mauvais contribuable. Une spirale de défiance qui plombe la confiance et ralentit la croissance.
Pour restaurer la crédibilité publique, l’auteur plaide pour une refonte de la gouvernance budgétaire fondée sur trois piliers : la responsabilité budgétaire, avec le paiement des dettes intérieures avant tout recouvrement massif ; la transparence, à travers la publication régulière de l’état réel de la dette ; et l’équité fiscale, garantissant que les entreprises contribuent dans un cadre d’exemplarité étatique.
En somme, l’État ne peut réclamer la vertu fiscale sans incarner la probité financière. Dans un contexte de transition politique et économique, la reconstruction de la confiance entre l’administration et le secteur privé passera moins par la contrainte que par la justice et la réciprocité



