Publié, le 03 octobre 2025-par la Rédaction
Une procédure contestée.
Libreville, le 3 novembre 2025 (Chiffre Info) – À quelques jours de l’ouverture du procès de Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddin Bongo Valentin, prévue le 10 novembre devant la Cour criminelle spéciale de Libreville, la tension monte autour d’une procédure déjà controversée. Leur avocate gabonaise, Me Gisèle Eyue Bekale, dénonce une « violation flagrante des droits de la défense » et annonce qu’elle boycottera les audiences, qu’elle qualifie de « simulacre de procès ».
Dans une interview accordée à L’Union, Me Eyue Bekale affirme que les conditions d’un procès juste et équitable « ne sont pas réunies ». Selon elle, l’audience à venir viole plusieurs principes fondamentaux du droit.« Les deux pourvois que j’ai formés devant la Cour de cassation suspendent légalement toute possibilité de procès », explique l’avocate, estimant que le parquet général cherche à passer en force malgré ces recours pendants. Autre grief majeur : la non-communication intégrale du dossier. D’après Me Eyue Bekale, le procureur général n’aurait pas transmis l’ensemble des pièces de la procédure, soit « 2 188 pages », privant ainsi la défense de la connaissance complète des charges. « Cette exigence légale n’a pas été respectée. En l’état, la tenue du procès est prématurée », déplore-t-elle.
Des convocations jugées irrégulières
L’avocate met également en cause la régularité des convocations adressées à ses clients. Elle rappelle que Sylvia et Noureddin Bongo se trouvent à l’étranger depuis mai 2025 « avec l’autorisation du procureur général ». Leur comparution, soutient-elle, aurait dû être encadrée par des règles diplomatiques précises, notamment un délai de convocation de quatre mois avant l’audience.
« Ces règles n’ont pas été respectées. Les principes élémentaires d’un procès équitable sont ici méconnus », insiste Me Eyue Bekale.
Un boycott assumé
Face à ces « irrégularités », la défense a choisi la voie du boycott. « Je suis dans l’état d’esprit d’un avocat qu’on invite à un procès sans égalité d’armes. Dans ces conditions, je ne participerai pas à ce simulacre de justice », a déclaré Me Eyue Bekale, qui affirme qu’elle ne sera pas présente à l’audience du 10 novembre, tout comme ses clients. L’avocate précise néanmoins qu’elle continue d’assurer « la défense des intérêts » de Sylvia et Noureddin Bongo, mais refuse de cautionner une démarche qu’elle estime « contraire aux droits fondamentaux et à l’exigence de justice ».
Un climat judiciaire tendu
Ce boycott annoncé jette une ombre sur la crédibilité d’un procès déjà perçu par certains observateurs comme hautement politique. Les précédentes interventions médiatiques des avocats français du clan Bongo, souvent virulentes, avaient déjà contribué à alimenter les soupçons de partialité. À une semaine de son ouverture, le procès des Bongo s’annonce donc sous haute tension, entre contestations procédurales, enjeux politiques et interrogations sur la capacité de la justice gabonaise à garantir un procès véritablement équitable.
